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déploie une puissance de pensée et d’initiative incomparable. Et d’autre part, les ouvriers appelés au travail, non par la contrainte, mais par l’attrait d’un suffisant salaire, restent en tout sens des hommes libres. C’est leur volonté qui adopte et accepte le travail ; le salaire assez élevé qu’ils perçoivent leur donne des intérêts substantiels à administrer, et en même temps ils peuvent consacrer à s’instruire, à instruire leurs enfants, à créer et en eux-mêmes et dans leur famille l’activité autonome de l’esprit, une part de leurs ressources. Encore une fois, c’est la philosophie de Kant traduite en concepts économiques.

L’Année 1792.
(D’après une estampe de la Bibliothèque Nationale.)


Je ne puis m’empêcher, en lisant et commentant cette curieuse page, de songer au chapitre où Barnave donne l’interprétation industrielle de tout le mouvement politique moderne et de la Révolution. Pour Barnave comme pour Forster, l’industrie est la réalisation de la liberté. Mais comme la pensée de Forster est plus profonde et plus généreuse ! Barnave ne songe qu’à la glo-