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ne tarderont pas à la consolider par une constitution conforme à la Déclaration des Droits et à l’intérêt du plus grand nombre. »

« Ceux de nos représentants qui ont été fidèles au peuple vous sont désignés par l’opinion et vous en avez la liste dans ceux qui ont noté pour le décret d’accusation contre Lafayette. Le tableau comparatif que nous vous envoyons, finira de vous faire connaître et vos amis et vos ennemis. Parmi vos constituants, Vous avez les Pétion, les Robespierre, les Buzot, les Anthoine, les Cerrolles, les Grégoire, les Le Pelletier, les Dubois de Crancé, le bon père Gérard, et quelques autres fidèles défenseurs des droits du peuple, en petit nombre, il est vrai, mais sous ce rapport, plus dignes d’obtenir vos suffrages. Ceux-là ont fait leurs preuves… »

« Frères et amis, si les deux cent vingt-quatre représentants du peuple qui viennent de s’exposer au feu des assassins et à la vengeance des Tuileries obtiennent vos suffrages, avec les quarante incorruptibles de l’Assemblée constituante, la patrie est sauvée. Ils forceront le reste de la représentation nationale à marcher dans le chemin de l’honneur ; mais si la Convention n’est composée que de nouveaux députés, quelque violents qu’ils puissent être, il est possible que nous ne trouvions notre salut que dans notre courage et dans une nouvelle insurrection. »

Ainsi, officiellement et pour toute la France, les Jacobins, où les Girondins d’ailleurs étaient nombreux, recommandent les candidatures girondines. Mais Paris restait comme la grande force d’appel : or, à Paris même les démocrates robespierristes et la Commune éliminaient toutes les candidatures girondines. Les tergiversations de la Gironde avant le Dix-Août avaient diminué son crédit ; et c’est par des révolutionnaires plus énergiques que Paris voulait être représenté. Les démocrates y disaient bien haut que sans le système de l’élection à deux degrés, maintenu encore par la Convention, le suffrage populaire irait d’emblée aux amis de Danton, de Marat et de Robespierre. Dès le 12 août, aux Jacobins, Anthoine disait :

« Une des plus grandes causes de nos maux, est le mode d’élection employé par la Législative.

« Tant que vous aurez des corps électoraux, vous aurez de mauvais choix. Vous en avez un exemple bien frappant dans la différence sensible que l’on aperçoit entre les municipalités choisies directement par le peuple et les départements, les tribunaux choisis par les corps électoraux. Le meilleur, le seul moyen d’avoir de bons choix est qu’ils soient faits par le peuple, tout le peuple, rien que le peuple… J’insiste fortement sur ce point, car sans cela la Convention ne sera pas meilleure que la Législative actuelle. »

Robespierre se plaint aussi dans le Défenseur de la Constitution que la Législative ait maintenu les corps électoraux. Mais il constate qu’elle a laissé aux Assemblées primaires une assez grande latitude, il eût été à souhaiter aussi que pour la Convention nationale, l’Assemblée se fût occupée à indiquer