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moins attentifs, ce qu’il y avait de factice et d’incohérent dans la politique forcenée de la Gironde. Autour d’elle, en elle, les désaveux se multipliaient.

Le journal de Prudhomme, les Révolutions de Paris, fait en quelques jours la même évolution que Couthon. Dans le numéro du 22 au 29 septembre et à propos au premier discours de Buzot où il demande la garde départementale pour la Convention, le journal dit : « Mardi 25, Kersaint et Buzot ont demandé que l’Assemblée prît des mesures de rigueur contre les rassemblements, surtout contre les agitateurs. Leurs discours souvent applaudis et faiblement combattus ont déterminé l’assemblée à rendre le décret. » Il n’y a pas une nuance de blâme, mais au contraire une sorte de sympathie. À ce moment (numéro du 29 septembre au 6 octobre), les Révolutions de Paris sont très sévères pour le Comité de surveillance de la Commune : « C’est avec douleur que nous avons vu le Comité de surveillance de Paris s’écarter des principes et se livrer à des impulsions sans doute étrangères. Ces opérations paraissent avoir été la plupart abandonnées au hasard, et est-ce au hasard qu’il faut abandonner la liberté des citoyens ?… Quoi ! un innocent dont on ne s’est pas même donné la peine de vérifier le nom, a été jeté dans les prisons et massacré au 2 septembre… Il est temps que de pareils désordres, que l’appréhension même de pareils désordres cesse. Si la sûreté des individus souffre de telles atteintes, si tous les Français qui se trouvent à Paris sont ainsi menacés, si les députés se trouvent ainsi sous le glaive d’accusations vagues, hasardées et tardives, les départements croiront, non sans fondement, que ce Comité de surveillance est dirigé ou entraîné par une faction qui cherche à dominer la République ; ils oublieront les services que nous avons rendus à la Patrie ; ils se défieront de nous et finiront par nous haïr. Nous laissons au lecteur le soin de calculer les maux infinis qui sortiraient de cette scission ; mais nous observerons, en finissant, que les députés des départements sont venus pour la plupart dans nos murs avec cette idée : c’est pourquoi, oubliant que la meilleure garde des fonctionnaires publics est l’opinion, ils ont voulu donner à la Convention une garde composée par tous les départements garde très dangereuse à la liberté, si l’Assemblée succombait elle-même sous une faction. Nous n’avons plus de garde du roi : il nous faut selon eux une garde de la Convention et formée comme celle de Louis le Traître, et de 24 000 hommes. Parisiens ! voyez comme vous êtes avilis ! Hâtez-vous de reprendre votre dignité et les droits que vous avez à l’estime publique, en faisant de bons choix et en remplissant votre municipalité nouvelle d’hommes étrangers à tous les partis, et de patriotes raisonnables. »

Comme il eût été facile à la Gironde, dans cet état des esprits, avec le besoin d’ordre, de sécurité et de légalité qu’éprouvaient à Paris les démocrates les plus ardents, de rétablir, sans provocation, la force du pouvoir exécutif central, de mettre un terme aux arrestations arbitraires et aux empiètements de la Commune de Paris !