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ment distribués dans l’intérieur du royaume. Tous ces greniers seront construits aux frais de la nation, sur un plan uniforme et sur les avances des actionnaires.

« Chacun des trente mille greniers sera placé le plus près possible du centre des cent familles, et comprendra le logement d’un pourvoyeur en chef ainsi que les hommes nécessaires au service et à la garde du grenier.

« Les pourvoyeurs et leurs subordonnés sont salariés sur la moitié du revenu des actions. Les greniers seront tous les jours ouverts aux besoins des familles pour lesquelles ils seront construits, et les chefs de ces familles nommeront quelques-uns d’entre eux pour empêcher par leur inspection et leur surveillance qu’aucun abus ne puisse s’y commettre, ce qui sera d’autant plus facile que par la multitude des greniers l’abondance se trouve moins morcelée.

« A chaque récolte, sans prohiber la concurrence, l’approvisionnement public se fera d’obligation et de manière qu’à un terme fixé par la loi il se trouve dans chaque grenier une quantité suffisante pour nourrir environ quinze cents hommes, afin que cent familles soient abondamment pourvues pendant deux ans. Cet article cependant ne sera de rigueur qu’à la première récolte de l’établissement.

« Tous les cultivateurs, quel que soit le genre de leur culture pourront traiter avec la Compagnie pour le transport de leurs denrées, ainsi que pour l’assurance de leurs récoltes, bêtes et meubles contre la grêle, les inondations, les incendies et les voleurs. Ils trouveront aussi dans la Compagnie toutes les avances, toutes les ressources dont ils pourront avoir besoin, parce qu’étant intéressée à la consommation, elle le sera nécessairement aux progrès de l’agriculture et de la population.

« La Compagnie sera obligée de fournir le pain, le blé, à tous les consommateurs de France invariablement à un seul et même prix fixe qui sera le prix moyen des trois derniers lustres dans tous les départements, et ce prix ne pourra changer que de vingt-cinq en vingt-cinq ans.

« Pour arriver à cette salutaire et cette constante égalité du prix du pain, et par conséquent de toute chose pour toute la France, si digne de l’union fraternelle du peuple français, il faudra faire deux opérations… »

La première sera, après avoir subdivisé la France en cinq régions, de faire pour chacune de ces régions une moyenne des prix pour en déduire ensuite une moyenne générale. La seconde sera de répartir également sur toute la consommation les frais de transport :

« Si le total des frais de transport s’élevait à cinq millions, la Compagnie recevrait deux millions, perçus sur les fours ou boulangeries des contrées agricoles où les frais de voitures ne portent pas le pain à son prix moyen, et, recevant cette somme, elle serait obligée à livrer le pain au dit prix moyen dans tous les lieux où les frais de transport le rendent plus cher. Récipro-