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Voici les prix, par département, du 8 au 16 octobre 1792.

Ain 43 Gard 51 Nièvre 36
Aisne 32 Garonne (Haute-) 42 Nord 32
Allier 43 Gers 42 Oise 30
Alpes (Hautes-) 63 Gironde 42 Orne 31
Alpes (Basses-) 54 Hérault 58 Pas-de-Calais 26
Ardèche 44 Ille-et-Vilaine 28 Puy-de-Dôme 53
Ardennes 47 Indre 43 Pyrénées (Basses-) 41
Ariège 55 Indre-et-Loire 29 Pyrénées (Hautes-) 32
Aube 25 Isère 29 Pyrénées-Orientales 33
Aude 34 Jura 45 Bas-Rhin 34
Aveyron 53 Landes 27 Haut Rhin 27
Bouches-du-Rhône 51 Loir-et-Cher 47 Rhône-et-Loire 35
Calvados 30 Loire (Haute-) 51 Haute-Saône 41
Cantal 30 Loire-Inférieure 30 Saône-et-Loire 34
Charente 35 Loiret 31 Sarthe 30
Charente-Inférieure 34 Lot 28 Seine-et-Oise 25
Cher 37 Lot-et-Garonne 40 Seine-Inférieure 31
Corrèze 42 Lozère 37 Seine-et-Marne 30
Côte-d’Or 35 Maine-et-Loire 33 Deux-Sèvres 32
Côtes-du-Nord 26 Manche 38 Somme 30
Creuse 49 Marne 27 Tarn 30
Dordogne 40 Marne (Haute-) 34 Var 43
Doubs 42 Mayenne 31 Vendée 31
Drôme 47 Meurthe 31 Vienne 31
Eure 26 Meuse 30 Vienne (Haute-) 37
Eure-et-Loir 26 Morbihan 31 Vosges 38
Finistère 28 Moselle 28 Yonne 33

Cette hausse si disparate, mais partout si forte, n’est point passagère ; elle se maintient en janvier 1793, au moment où Roland dresse son rapport à la Convention. Je reviendrai tout à l’heure sur les causes de la crise indiquées par Roland ; je ne cite maintenant ce texte, très important d’ailleurs à bien des égards, que pour noter la permanence de la hausse du blé et du pain, et ses profonds effets sur toute la vie économique de la France. « En vain, dit Roland, les barrières fiscales sont-elles détruites, une recherche inquisitoriale plus funeste encore neutralise les subsistances dans toutes les veines du corps politique. Le prix des grains varie pour le Français de 25 à 64 livres le setier, et l’agriculteur ne peut échanger librement le produit de ses sueurs contre l’industrie de ses compatriotes. À ce faux système désorganisateur des rapports sociaux, la Convention a opposé une loi pleine de sagesse ; mais il faut encore ajouter comme cause décourageante de l’agriculture, la nécessité de satisfaire aux dépenses publiques par l’émission d’une masse considérable d’assignats, dont l’échange est de moitié au dessous du pair contre l’argent, signe général de la richesse de toutes les nations commerçantes. L’artisan agricole lutte contre le cultivateur pour l’augmentation des salaires dont le consommateur ne consent qu’avec peine le remboursement, sur les denrées. Leur surhaussement est d’autant plus inévitable qu’un million de bras employés aujourd’hui à la défense de la République diminue pour le