grand dans la ville de Rouen, mais vous ne serez point arrêtés par les clameurs d’une poignée d’hommes avides dont l’égoïsme ne connaît que leur intérêt personnel. »
La Convention rendit immédiatement ce décret :
« Art. 1er. — La Commune de Rouen est autorisée à lever en forme d’emprunt sur tous les habitants de cette ville dont le prix de la location sera de 500 livres et au-dessus, la somme d’un million pour être employée, sous sa responsabilité, à l’achat des grains nécessaires à l’approvisionnement de la ville et à la remise de ceux empruntés des entrepreneurs des subsistances militaires.
« Art. 2. — La répartition de cet emprunt sera faite d’après le mode fixé par le Conseil général de la Commune et adopté par les Conseils généraux de district et de département.
« Art. 3. — Les fonds provenant de la vente des grains acquis au moyen de cet emprunt seront exclusivement appliqués à son remboursement, et la perte sera supportée par tous les citoyens qui y auront contribué au sou la livre de leur cotisation. »
Ainsi se dénoua la crise de Rouen.
La Convention semble avoir cru que la crise de Lyon pourrait se dénouer de même. Que la riche bourgeoisie lyonnaise s’impose à elle-même un emprunt ; qu’avec cet emprunt elle assure l’approvisionnement en blé de Lyon ; qu’elle vende le blé acheté par elle à un prix modéré et qu’elle supporte la perte résultant de l’écart entre le prix d’achat et le prix de vente : le problème sera résolu. Oui, mais la question du chômage subsistait. Les commissaires de la Convention, envoyés à Lyon par décret du 29 octobre, s’appliquèrent d’abord à persuader à la classe riche qu’elle devait s’imposer. Il y réussirent sans trop de peine. Et le 24 novembre Réal, au nom du Comité des finances, soumit au vote de la Convention un projet d’emprunt : « Le Conseil général de la Commune de Lyon a pris, le 10 de ce mois, une délibération portant qu’il serait ouvert un emprunt de 3 millions, par voie de souscription et sans intérêt, pour être employé à l’achat des grains nécessaires à l’approvisionnement de cette ville et des lieux voisins ; que le déficit qui résulterait des frais de régie et de la différence du prix de l’achat à la vente serait rempli par une contribution extraordinaire, qui ne porterait que sur les citoyens aisés.
« Les commissaires que vous avez envoyés à Lyon ont eux-mêmes provoqué cette mesure, en excitant le zèle des riches négociants de cette ville. Ils l’ont jugée nécessaire pour maintenir l’ordre dans la ville de Lyon. »
La Convention autorisa la Commune de Lyon à lever cet emprunt selon un tarif progressif. Mais comment ranimer les manufactures ? De Lyon, le 14 novembre, les commissaires Vitet, Alquier et Boissy d’Anglas envoyaient à l’Assemblée une lettre inquiétante : « Avant le 10 août, les aristocrates d’Arles, de Toulon, de Nîmes, de Jalès et du département de l’Ardèche