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rassée ; le peuple entier crie : « Vive la République française ! nous voulons nous associer à elle. » Tous arborent la cocarde, et je ne désespère pas, citoyens, d’avoir à vous annoncer sous peu qu’une garde nationale, composée de citoyens du faubourg de Saxenhausen, habitation du peuple de Francfort, défendra ces murs contre les ennemis de la liberté, et deviendra notre alliée.

« J’ai rétabli les deux millions de contribution que j’avais établis d’abord. J’avais à ma disposition la grosse artillerie de cette ville. »

Dans sa proclamation Custine disait :

« La Constitution, citoyens, n’a été votée par la nation que pour le soulagement du pauvre, et faire enfin cesser l’oppression de l’homme opulent.

« J’apprends, citoyens, que le banquier, le gros négociant de Francfort, coalisés avec nos ennemis pour extraire le numéraire de la France, pour y faire circuler de faux assignats, veulent faire payer au peuple de votre cité la portion de votre contribution que je ne veux faire payer que par le riche. Et moi je vous apprends que l’homme riche seul paiera cette contribution, et que tout homme qui n’a pas une propriété de trente mille florins en sera dispensé ; que s’il a payé, cela lui sera rendu et que cette contribution ne sera payée que par les riches à proportion de leurs richesses.

« Je suis venu en Allemagne pour offrir au peuple l’alliance de la République française, et faire connaître aux oppresseurs que les Français devenus libres n’ont qu’un désir, ne forment qu’un vœu, celui de protéger le faible, et de faire sentir à l’homme injuste dans l’opulence que les hommes, nés égaux en droit, ne doivent pas porter le joug de l’homme riche. »

La Convention acclamait ces paroles.

Mais elles coalisaient contre la Révolution et contre la France l’aristocratie féodale et « l’aristocratie des richesses », le noble et le banquier, l’évêque et « le gros négociant », les forces d’ancien régime et la riche bourgeoisie. Ce bloc, qu’il eût fallu diviser au contraire, va bientôt retomber sur nos armées d’un poids écrasant. Mais d’Allemagne ce n’est d’abord qu’un éblouissement de victoire et de Révolution qui vient à la Convention nationale. Elle s’exalte à cette marche partout triomphante, partout conquérante de la liberté, en Belgique, en Allemagne, en Savoie.

De l’Angleterre qui était encore neutre mais dont on pouvait craindre l’entrée prochaine dans la coalition, de multiples adresses de sympathie étaient envoyées à la France révolutionnaire par les sociétés populaires des villes industrielles. Le 7 novembre, Gensonné, secrétaire, donne lecture à la Convention d’une adresse « de plus de cinq mille citoyens anglais, composant les Sociétés constitutionnelle et de la réformation, de Manchester, celle de la Révolution de Norwich et celle des Whigs constitutionnels, indépendants et amis du peuple, unies dans une cause commune ; c’est-à-dire pour obtenir une représentation juste, égale et impartiale dans le parlement ».