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Il est arrêté aussi, comme mesure de police, qu’aucun prêtre ne portera de costume religieux hors de ses fonctions.

Toujours en cette même séance du 12, la Commune décide que la place des Victoires sera nommée désormais place de la Victoire nationale, et que la statue de Louis XIV sera remplacée par un obélisque où seront inscrits les noms des citoyens morts pour la patrie dans la journée du 10.

Enfin, comme pour se saisir de la direction de la politique extérieure et lui donner une allure révolutionnaire, elle arrête que l’Assemblée nationale sera priée de déclarer au nom de l’empire français, qu’en renonçant à tous projets de conquête la nation n’a point renoncé à fournir des secours aux puissances voisines qui désireraient se soustraire à l’esclavage. C’était une réponse hardie à l’invasion.

Le 13 août, la Commune décide, pour rendre impossible au roi toute évasion, qu’une tranchée sera creusée autour du donjon ; mais c’est surtout à des mesures de défense nationale qu’elle s’applique. « Les quarante-huit sections sont autorisées à organiser sur-le-champ les citoyens armés en différentes compagnies ; toute distinction nuisible à l’égalité sera supprimée ; les épaulettes ne seront qu’en laine pour tous les grades ; en vertu du décret qui déclare tous les citoyens actifs, tous les habitants seront armés, « à l’exception des gens sans aveu ». C’était le prélude de la levée en masse.

En attendant, les mesures de police continuent. « Les sieurs de Laporte, intendant de la liste civile, du Rozoy, censeur de la Gazette de Paris, sont mis en état d’arrestation. Scellés sont mis sur leurs papiers ainsi que sur ceux de M. Andrion, commissaire général des Suisses et Grisons, et MM. Bigot de Sainte-Croix et d’Abancourt.

Ordre est donné d’arrêter tous les officiers de l’état-major des gendarmes nationaux et tous les valets de chambre du roi. Mais ce ne sont pas seulement des personnages éclatants ou manifestement compromis dans la contre-révolution que la Commune poursuit. Elle est naturellement amenée et entraînée, par les accusations multiples qui viennent des sections, à arrêter des hommes obscurs. Le procès-verbal du 15 dit : « Mandats d’amener et apposition de scellés chez différents particuliers peu connus dans le public. » Grand péril d’arbitraire et d’erreur, contre lequel bientôt s’élèveront des protestations très vives, même chez les démocrates des « Révolutions de Paris ». Mais, en ces premiers jours, et dans l’émotion persistante du combat, aucune voix ne proteste encore.

La Commune de Paris, très vigoureusement anticléricale, donne l’ordre aux maisons religieuses d’évacuer sous trois jours. « Les scellés seront apposés sur ces repaires d’aristocratie. » Et la garde des scellés est confiée pour ces trois jours aux religieuses elles-mêmes, sous peine d’être privées de leur pension.

Ce même jour, 15 août, le jeune Jean-Lambert Tallien, épris d’influence,