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ses créatures de l’approcher et le garder à vue est le vrai moyen de couper les fils de toutes les trames des contre-révolutionnaires.

« Mettre à prix par un décret les têtes des Capets Fugitifs, traîtres et rebelles ; six millions sur chacune serait le vrai moyen de s’assurer de ces conspirateurs, de faire déserter les régiments ennemis avec armes et bagages, d’épargner la dilapidation des biens nationaux et d’éviter l’effusion du sang des patriotes. Rien de plus efficace que cette mesure pour rendre à l’État la liberté, la paix et le bonheur ; il y a deux ans que je la propose, tout homme sensé doit en sentir la justesse ; et c’est pour cela même que l’Assemblée l’a constamment repoussée. Le moment est venu de la faire enfin décréter. Sollicitez-la à grands cris, amis de la patrie, et soyez sûrs que ce ne sera pas sans succès ; car aujourd’hui vos représentants vont quand on les pousse. Une autre mesure non moins urgente est de décréter l’ouverture des arsenaux, pour armer sans délai tous les citoyens amis de la Révolution. C’est au ministre de la guerre à solliciter un décret à ce sujet ; nous verrons bientôt s’il est vraiment patriote ; car dans un mois il ne doit pas y avoir dans le royaume un seul garde national qui ne soit armé.

« C’est à la Commune à faire armer immédiatement tous les bons citoyens de la capitale, et à les faire exercer au maniement des armes, pour mettre Paris en état de défense contre les coups de désespoir des ennemis, s’ils étaient assez osés pour jouer de leur reste.

« C’est à elle aussi de hâter la formation du camp aux portes de Paris et de faire occuper au plus tôt toutes les hauteurs adjacentes, mesures que j’ai proposées il y a plus d’un an.

« C’est à elle encore à presser le jugement des traîtres détenus à l’Abbaye et à prévenir qu’on n’arrache au glaive de la justice l’état-major des gardes suisses, sous prétexte du danger de se brouiller avec les treize cantons, si on refusait de leur remettre ces prisonniers.

« C’est à elle à empêcher que le décret qui ordonne la vente des biens des émigrés ne soit dérisoire, en faisant vendre sans délai ceux qui se trouvent dans la capitale, le Palais Bourbon et tous les hôtels qu’ils ont à Paris ; en faisant rentrer le Luxembourg dans les mains de la nation, et en demandant à moitié du produit de ces biens pour être partagés entre les infortunés de la capitale, qui ont concouru à la prise du château des Tuileries, et à ramener la victoire à la patrie.

« C’est à tous les bons citoyens à inviter les troupes de ligne de réclamer le droit de nommer leurs officiers, qui vient d’être rendu à la gendarmerie nationale ; invitation que je leur renouvelle aujourd’hui.

« C’est à la Commune parisienne à porter le flambeau dans l’administration des subsistances, à pourvoir abondamment à celles de la capitale et à faire la guerre aux infâmes accapareurs.