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Dans le Tarn, où l’industrie de la draperie était si énergique à ce moment et où la bourgeoisie industrielle était si forte, si passionnée que quelques mois plus tard, après le 31 mai, elle entraînera le département dans le mouvement fédéraliste et qu’il faudra toute la vigueur de Baudot pour la ployer et la réduire, quels sont les élus ? Lasource, ministre protestant ; Lacombe Saint-Michel, officier d’artillerie ; Solomiac, président du tribunal criminel du département ; Campmas, administrateur du département ; Marvejouls, administrateur du district de Gaillac ; Daubermenil, électeur de Castres ; Gouzy, homme de loi ; Rochegude (ci-devant comte de) ; Meyer, administrateur du département. Pas un industriel, pas un négociant. Il est vrai que la bourgeoisie industrielle protestante avait toute confiance en Lasource, et que c’est par lui qu’elle fut étroitement liée à la Gironde.

Dans la Gironde, sur douze députés, trois négociants : Ducos, Boyer-Fonfrède et Duplantier ; les neuf autres, administrateurs ou avocats. Dans les Bouches-du-Rhône, où de si puissants intérêts sont en action, pas un seul négociant. Duprat, le maire d’Avignon, qui fut un riche marchand de soies, est élu pour son rôle révolutionnaire dans le Comtat, et non à raison des intérêts qu’il représente.

Dans la Meurthe et dans la Meuse où les industries du fer, du verre, sont si puissantes, où il y a des maîtres de forge si influents et si hardis, pas un fabricant n’est élu.

Dans l’Isère, dans cette région dont j’ai noté d’après Roland la merveilleuse activité industrielle, qui a certainement contribué à suggérer à Barnave sa conception économique de la Révolution, pas un chef d’industrie : Baudran, juge au tribunal de Vienne ; Genevois, président au tribunal de Grenoble ; Servoyat, notaire et juge de paix ; Amar, membre du directoire du district de Grenoble ; Prunelle de Lière, maire de Grenoble ; Réal, président de l’administration du district de Grenoble ; Boissière, administrateur du département ; Genessieu, juge au tribunal de Grenoble.

Dans Rhône-et-Loire, dans cette région de Lyon, Roanne et Saint-Étienne où la puissance déjà ancienne de l’industrie est souveraine, et où elle a déjà suscité des conflits sociaux qui annoncent une maturité économique extraordinaire, c’est la bourgeoisie des administrateurs, des juges, des médecins, la bourgeoisie légiste et « intellectuelle », qui emporte presque tous les mandats : Chasset, juge à Villefranche ; Dupuy, juge à Montbrison ; Vitet, maire de Lyon ; Dubouchet, médecin de Montbrison ; Dubouchet, maire à Montbrison ; Béraud, juge de paix à Valbenoite ; Pressavin, chirurgien, substitut du procureur de la commune ; Moulin, maire de Montagny ; Michet, juge au tribunal de Montagny ; Michet, juge au tribunal de Villefranche ; Patrin, naturaliste ; Forest, juge au tribunal de Roanne ; Javogne, administrateur du district de Montbrison ; Lanthenas.

Un seul représentant direct du commerce, Gusset, négociant à Lyon. Mais