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agriculteur, propriétaire, agriculteur, propriétaire, juge de paix, médecin, agriculteur, notaire, fermier, agriculteur, cultivateur, cultivateur, boulanger, marchand, propriétaire, etc., etc.

Et il en est ainsi dans tous les autres districts. Si nous avions les listes pour tous les départements comme M. Chassin, dans son admirable ouvrage, nous les a données pour la Vendée, on constaterait, certainement, avec quelques nuances, les mêmes caractères généraux.

Les fonctionnaires de la Révolution tiennent une place immense dans les assemblées électorales et, par eux, la bourgeoisie légiste où surtout ils se recrutèrent. Mais qu’on n’oublie pas que ce sont des fonctionnaires électifs, en qui est toute vive et toute chaude la passion du peuple lui-même ; qu’on n’oublie pas qu’ils étaient particulièrement menacés par le manifeste de Brunswick, et que, dans la Révolution, ils jouaient leur tête. Ce n’est ni par dédain ni par défiance conservatrice que les salariés, les prolétaires, ne furent pas appelés à jouer un rôle de premier plan. Mais puisqu’ils n’avaient à ce moment d’autre intérêt que celui de la Révolution, pourquoi n’en pas laisser la garde à ceux qui s’étaient ouvertement et officiellement déclarés pour elle ?

Le suffrage universel était d’institution toute récente. Il datait de quelques jours à peine et fonctionnait pour la première fois. Le prolétariat n’avait pu donc conquérir la moindre parcelle du pouvoir politique : il n’avait pas un seul représentant parmi les fonctionnaires et les administrateurs des départements, des districts et des communes. Or, le personnel politique ne s’improvise pas ; c’est encore à des bourgeois, et seulement à des bourgeois qu’était attachée, en 1792, la force révolutionnaire.

Mais ce n’est pas, si je puis dire, une bourgeoisie de classe, nettement opposée aux prolétaires. Il y a à la Convention un certain nombre de négociants, quelques industriels, notamment deux maîtres de forge. Mais en somme le patronat y est peu représenté. Même dans les villes de grande industrie comme Rouen, où nous avons vu que le patronat s’était jeté ardemment dans la lutte électorale, même là où bien des éléments étaient modérés, c’étaient des jurisconsultes, comme Thouret, qui étaient les candidats (malheureux d’ailleurs) de la bourgeoisie possédante.

Le département de la Seine-Inférieure, où l’industrie était si active, envoie à la Convention Albitte, homme de loi à Dieppe ; Pocholle, maire de Dieppe, ancien oratorien ; Hardy, médecin à Rouen ; Yger, juge au tribunal de Cany ; Hecquet, maire de Caudebec ; Duval, greffier du bureau central des juges de paix à Rouen ; Vincent, administrateur du district de Neufchâtel ; Faure, juge au tribunal du Havre ; Lefebvre, receveur du district de Gournay ; Blutel, juge de paix à Rouen ; Bailleul, juge de paix au Havre ; Mariette, juge de paix à Rouen ; Doublet, cultivateur à Londinières ; Ruault, curé d’Yvetot ; Bourgeois, juge au tribunal de Neufchâtel ; Delahage, avoué à Caudebec.