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morillon, le district de Montreuil-sur-Mer, la commune de Cany, le directoire du Nord, le district de Soissons, les citoyens actifs de Melle, les citoyens actifs de Saint-Fargeau, le directoire de Tarascon-sur-Rhône, la commune de Compiègne, le district de Rocroi, la commune de Granville, les habitants d’Ancenis, la commune de Saint-Rémy (Bouches-du-Rhône), la municipalité de Beuzeville, le district et la municipalité de Prades, la municipalité de Lardas, la commune d’Auray, le district de Lagrasse (Aude), les citoyennes de la ville de Saint-Chamant, la commune de Haucourt (Moselle), la commune de Bastia, de Brienne-le-Château, des citoyens de Boulogne-sur-Mer, demandent que « le glaive des lois » frappe les factieux, félicitent Louis XVI de son énergie, de son calme, demandent que la Constitution soit défendue contre les motionnaires, les libellistes, les incendiaires, dénoncent le maire de Paris, complice de l’émeute.

Le mouvement de réaction modérée était assez étendu : le feuillantisme semblait se ranimer soudain, comme après la journée du Champ-de-Mars il s’était affirmé. C’était une suprême chance de salut offerte à Louis XVI. Il aurait pu retenir ces sympathies en devenant enfin le serviteur loyal de la Révolution et de la France. Mais au moment même où de bonne foi la bourgeoisie modérée, par peur de l’anarchie, se groupait autour de lui, au moment même où le roi assurait l’Assemblée de sa fidélité à la Constitution, les manœuvres de trahison continuaient et la seule conclusion tirée par la reine de la journée du 20 juin était que les armées étrangères devaient hâter leur marche. Le 23 juin, trois jours après l’invasion du château, Marie-Antoinette écrivait à Fersen :

« (En chiffré) : Dumouriez part demain pour l’armée de Luckner ; il a promis d’insurger le Brabant. Saint-Huruge part aussi pour le même objet. — (En clair) : Voilà l’état des sommes que j’ai payées pour vous. Je vous enverrai celui de votre recette lorsqu’elle sera achevée.

« Je crois avoir reçu toutes vos lettres… Votre ami est dans le plus grand danger. Les médecins n’y connaissent plus rien. Si vous voulez le voir, dépêchez-vous. Faites part de sa malheureuse situation à ses parents. J’ai fini vos affaires avec lui, aussi à cet égard n’ai-je nulle inquiétude. Je vous donnerai de ses nouvelles assidûment. »

Et après avoir ainsi pressé Fersen de donner des nouvelles du grand « malade » des Tuileries à ses « parents » de Vienne, de Stockholm et de Berlin, elle adresse à Fersen, en clair et non signée, une lettre qui est comme un appel désespéré à l’invasion :

« Le 26 juin 1792. — Je viens de recevoir votre lettre no 10 ; je m’empresse de vous en accuser la réception. Vous recevrez incessamment des détails relatifs aux biens du clergé dont j’ai fait acquisition pour votre compte. Je me bornerai aujourd’hui à vous renseigner sur le placement de vos assi-