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avoir transmis avec la propriété tous les droits qui s’y attachent, suivant les éléments de la raison reconnus par la Constitution. »

Et il soulève ensuite la grave question des biens communaux :

« Les communautés sont propriétaires ou usagères de presque tous les bois qui les environnent… Dans le premier cas, les dépouillerait-on ? L’iniquité de la vente générale ne nous permettrait qu’une faible probabilité qu’on s’arrêterait au dernier pas. »

Et quant au droit d’usage, les capitalistes acquéreurs se hâteraient de le faire disparaître « les communautés auxquelles les maîtrises (des forêts) délivrent du bois pour le charronnage, les bâtiments et le chauffage, et dont les droits sont renfermés dans le mot d’usagères, seraient donc ainsi privées de cette ressource, et le pâturage, qui leur est permis à certaines époques dans les taillis et en tout temps dans les sapinières, et qui leur est doublement utile puisque les gros troupeaux y trouvent un asile contre la chaleur du jour, y serait encore interdit, toutes les forêts deviendraient dès lors un grand parc. »


Billet de confiance de cinq sous, du département du Tarn.
(Extrait d’un opuscule de M. Portal, archiviste du Tarn, et avec son autorisation).


Presque seul parmi les députés de l’Est, Vuillier était favorable à l’aliénation :

« Je suis peu frappé de ces craintes, disait-il, car l’on suppose les capitalistes accapareurs en petit nombre ou en grand nombre. Dans le premier cas, la supposition est chimérique, parce qu’il n’y a nulle proportion entre la valeur des forêts nationales et les facultés d’un petit nombre d’individus, quelque énorme que puisse être leur fortune ; dans le second cas, la coalition d’un grand nombre de capitalistes paraît aussi improbable que le serait celle de tous les propriétaires fonciers du royaume pour maîtriser le prix du blé ou de toute autre denrée. »

Selon lui, les forêts exploitées par des particuliers le seraient mieux, et l’État serait débarrassé d’un soin pour lequel il n’est pas fait. Par la possession des forêts il est propriétaire foncier, il est en outre industriel, manufacturier, à cause des industries qui dépendent des forêts nationales et qui contractent des baux avec l’administration. Laissez faire l’industrie privée. Ainsi s’ouvrait, à propos des forêts, la lutte entre le capi-