prenant l’offensive se sont précisément déchaînés sur la France de la Révolution quand elle eut pris l’offensive : la révolte de la Vendée, le duel à mort entre la Révolution et le roi, les massacres de septembre où périrent ceux que le peuple, affolé par l’invasion, considéra comme « des traîtres soudoyés par l’étranger », tous les traits les plus sombres du terrible tableau tracé par Daverhoult se retrouvent précisément dans l’histoire de la Révolution belliqueuse. Par quelle illusion extraordinaire les hommes de 92 ont-ils pu croire qu’ils éviteraient tous les périls entrevus par eux en déchaînant les chances incalculables et formidables d’une guerre européenne ? Daverhoult termina son discours par une motion beaucoup plus ferme, beaucoup plus nettement aggressive que celle du rapporteur Kock.
« L’Assemblée nationale décrète qu’une députation de vingt-quatre de ses membres se rendra près du roi, pour lui communiquer au nom de l’Assemblée sa sollicitude sur les dangers qui menacent la patrie, par la combinaison perfide des Français armés et attroupés au dehors du royaume, et de ceux qui trament des complots au dedans, ou excitent les citoyens à la révolte contre la loi ; et pour déclarer au roi que la nation verra avec satisfaction toutes les mesures sages que le roi pourra prendre, afin de requérir les électeurs de Trêves, Mayence, et l’évêque de Spire, qu’en conséquence du droit des gens ils dispersent, dans un délai de trois semaines, lesdits attroupements formés par des Français émigrés ; que ce sera avec la même confiance dans la sagesse de ses mesures que la nation verra rassembler les forces nécessaires pour contraindre par la voie des armes ces princes à respecter le droit des gens, au cas qu’après ce délai expiré, les attroupements continuent d’exister.
« Et enfin que l’Assemblée nationale a cru devoir faire cette déclaration solennelle, pour que le roi fût à même de prouver dans les communications officielles de cette démarche imposante à la Diète de Ratisbonne et à toutes les cours de l’Europe que ses intentions et celles de la nation française ne font qu’un. » (Applaudissements.)
Et si les princes refusent d’obéir à cette sommation ? s’ils demandent le secours de la Diète, et celui de Léopold, chef de l’Empire ? Et encore si le roi, tout en se résignant à ces démarches, prépare par une trahison sourde la défaite de la France ? Il y a, dans la dernière phrase de la motion de Daverhoult, une ambiguïté terrible : cette preuve du loyalisme du roi, on ne sait si l’Assemblée veut lui fournir l’occasion de la donner à l’Europe ou à la France. La guerre conçue comme une sorte d’épreuve du feu pour éprouver la sincérité révolutionnaire du roi, quel sinistre détour ! et quelle défaillance de la Révolution elle-même, n’osant pas d’emblée démasquer le traître royal et le frapper directement au visage ! C’est à peine si quelques députés purent obtenir que la motion de Daverhoult ne fût pas votée d’enthousiasme.
Il y a en ce moment dans la conscience révolutionnaire je ne sais quel