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« Ne croyez pas que placés sur un théâtre plus vaste et pouvant disposer de moyens plus considérables, vous puissiez impunément mépriser l’exemple que la Hollande asservie donne aux nations. »

J’ai dit qu’en ce discours les contradictions abondaient. D’abord, si les émigrés ne doivent être dangereux qu’à raison des déchirements intérieurs de la France, c’est à une politique vigoureuse d’action révolutionnaire au dedans qu’il faut se livrer avant de soulever la tempête du dehors. Si la France ne doit pas attendre que ses ennemis cherchent leur heure, si elle doit les devancer, ce n’est pas seulement contre les émigrés, contre les petits princes d’Empire qui leur donnent asile qu’elle doit ouvrir les hostilités ; c’est contre tous les souverains ennemis ou suspects de l’Europe. Et ainsi, sous prétexte qu’il ne faut pas attendre l’heure où les émigrés seront soutenus par une des grandes puissances, il faut susciter contre la France de la Révolution la coalition des grandes puissances.

Buzot.
(D’après une estampe du Musée Carnavalet).

Enfin, Daverhoult redoute que les puissances étrangères nous attaquent Juste à l’heure où il y aura des soulèvements intérieurs dans le royaume, juste à l’heure où il y aura mésintelligence entre les deux pouvoirs, c’est-à-dire entre l’Assemblée et le roi. Mais comment peut-il avoir l’assurance qu’en prenant l’offensive la France échappera à ces terribles éventualités ? Est-ce qu’il espère que la lutte sera finie d’un coup ? Et si elle se prolonge au contraire à travers des alternatives de revers et de succès, toutes les crises intérieures, toutes les anarchies peuvent se développer précisément quand l’ennemi redoublera d’efforts. En fait, tous les périls que Daverhoult veut éviter en