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II
HISTOIRE SOCIALISTE

La table des chapitres est donc ainsi dressée :

Introduction 
 pages 1 à 10
Causes de la Révolution 
 ― 13 à 146
Les élections et les cahiers 
 ― 146 à 230
Journées révolutionnaires (20 juin, 14 juillet, 5 et 6 octobre) 
 ― 230 à 376
Lois d’organisation 
 ― 376 à 412
La vie municipale 
 ― 412 à 435
Les biens nationaux 
 ― 436 à 521
Constitution civile du clergé 
 ― 521 à 548
La Fédération 
 ― 549 à 556
Les partis et les classes en 1791 
 ― 556 à 630
La fuite à Varennes 
 ― 630 à 756


* Je ne pouvais, sans surcharger outre mesure cet ouvrage, donner constamment l’indication des sources ; et il me paraît inutile d’ailleurs de reproduire ici la bibliographie générale de l’histoire de la Révolution. J’ai tâché de lire tout l’essentiel. Aussi bien, au courant même du récit, on verra sans peine que je me suis toujours reporté aux textes originaux et aux sources. Je me suis servi souvent des Archives parlementaires pour lesquelles la sévérité de M. Aulard me semble excessive. Il s’y est glissé beaucoup de fautes d’impression et parfois l’indication des sources n’est pas assez précise. Mais par le rapprochement de textes empruntés aux recueils de lois et décrets, au Moniteur, à la collection Portiez de l’Oise, elles fournissent un instrument de travail très commode.

Ai-je besoin de dire que les grandes publications de documents de M. Aulard ont été par moi constamment utilisées ? Je me suis en outre appliqué à bien connaître les grands journaux de la Révolution. Je ne les ai point feuilletés ou consultés comme il me semble que l’ont fait avant moi beaucoup d’historiens ; je les ai lus avec suite, et avec la plus scrupuleuse attention ; je parle du journal de Marat, de celui d’Hébert, du journal de Brissot, du journal de Condorcet, du journal de Prudhomme, du journal de Carra. Et il m’a paru que grâce à cette méticuleuse lecture on y pouvait faire plus d’une découverte.

* On nous a reproché le titre d’Histoire Socialiste. On nous a dit que l’histoire était l’histoire. Et si l’on entend par là qu’elle doit donner avant tout une idée exacte des hommes et des choses, qu’elle doit être objective », on a pleinement raison. Mais c’est bien du point de vue de sa conception générale de la société et de la vie que l’historien observe les événements. Pourquoi donc des socialistes, étudiant l’évolution politique et sociale depuis 1789, n’auraient-ils point averti, par le titre même de leur œuvre, que tout ce mouvement historique s’éclairait pour eux par le terme où il leur paraît qu’il doit aboutir ?

On ne pourra pas, je crois, nous accuser d’avoir cédé à l’obsession socialiste, d’avoir arbitrairement grossi le rôle du prolétariat dans la Révolution française. J’ai marqué, au contraire, combien au début il était humble et débile. Mais je montre aussi comment, par l’action incessante et par une application hardie de l’idéalisme révolutionnaire aux problèmes économiques et sociaux, il a rapidement grandi.

M. Hauser, donnant à la Revue historique une brève analyse d’un livre récent de M. Germain Martin, commet à l’égard de ma pensée une singulière méprise. Il prétend que dans ce premier volume de l’Histoire Socialiste, connu déjà par les livraisons, j’ai dit que les ouvriers n’avaient joué aucun rôle dans les grandes journées révolutionnaires. Comme on peut le voir en se reportant à la page 143, ce n’est pas des ouvriers que je parle, mais des mendiants, des vagabonds, de ce « prolétariat en haillons », (Lumpenproletariat, comme disent les Allemands) auquel M. Taine prétend que Paris était livré. J’ai essayé, au contraire, de montrer comment le prolétariat s’était animé à mesure que la Révolution elle-même s’animait et comment il avait grandi au feu des