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HISTOIRE SOCIALISTE

forcée et étendue de la monnaie, il pouvait du moins avoir une sorte de circulation de banque, et il devenait en quelque mesure un instrument de transaction.

Mais du jour où le porteur de l’assignat a en mains, non plus une créance à terme sur l’État, mais une monnaie, c’est-à-dire une créance à vue sur le public, du moment qu’il est assuré, par le cours forcé, que ni ses créanciers, ni ses fournisseurs ne pourront refuser l’assignat et qu’il peut ainsi se rembourser lui-même, par des achats où l’assignat a force libératoire, du capital jadis prêté à l’État, il n’y a plus aucune raison de lui servir un intérêt, car les assignats-monnaie représentent, non plus une promesse de remboursement, mais un remboursement.


Assignat de deux cents livres
(D’après un document de la Bibliothèque nationale.)


Pétion, qui dès décembre était intervenu pour dissocier le crédit de l’État du crédit ou mieux du discrédit de la Caisse d’Escompte, et qui, sur toute cette question des assignats a eu des vues très hardies et très nettes, a fait valoir avec force les raisons de retirer tout intérêt aux assignats transformés (16 avril 1790) :

« Il est facile de concevoir, dit-il, pourquoi l’assignat ne doit porter intérêt. C’est par la raison que les écus qui sont dans la circulation n’en portent pas ; aussitôt que vous rendez l’assignat une monnaie, qu’il est reçu dans

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