Page:Jaurès - Histoire socialiste, I.djvu/435

Cette page a été validée par deux contributeurs.
425
HISTOIRE SOCIALISTE

nationale fut saisie des événements de Lyon, et le 17 juillet 1790, par un décret impérieux, elle rétablit les octrois à Lyon.

Les maîtres-ouvriers en soie, pleins d’une sorte d’enthousiasme religieux pour la Révolution, s’inclinèrent devant l’arrêt de « l’auguste Assemblée nationale » ; ils auraient considéré toute rébellion contre elle comme un crime de lèse-patrie : mais les corporations des maçons, des chapeliers, des cordonniers se soulevèrent, et des collisions entre les prolétaires et les soldats ensanglantèrent Lyon. Toute la bourgeoisie ne tarda pas à faire bloc contre les ouvriers, qui furent aisément vaincus.


L’Intendant de province
(D’après une estampe du Musée Carnavalet).


Les barrières furent relevées ; la perception des droits d’entrée, recommença jusqu’au vote de la grande loi de l’Assemblée qui les supprima pour toute la France. Mais à quel prix fut obtenue cette soumission, cette défaite du prolétariat lyonnais ? La bourgeoisie prit, si je puis dire, l’habitude des paniques ; le bruit s’était répandu que « les émeutiers » avaient marqué à la craie la porte des plus riches maisons ainsi vouées au pillage, les bourgeois

liv. 54. — histoire socialiste.
liv. 54.