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HISTOIRE SOCIALISTE

constitué à l’état d’ordre privilégié : Comment aurait-on osé soumettre à l’impôt cette Église qui ne possédait « que pour la gloire de Dieu et le bien des pauvres » ? Comment aurait-on osé soumettre à la loi roturière de l’impôt les évêques, archevêques et abbés qui sortaient des plus nobles familles et portaient sous le vêtement du prêtre l’orgueil du gentilhomme ? Comme théocratie et comme aristocratie, l’Église échappait doublement aux charges qui pesaient sur le peuple. Elle était officiellement depuis l’édit de 1695, « le premier ordre de l’État » et le clergé était exempt de la taille et de la plupart des impôts. Ses propriétés immenses n’étaient point grevées par l’impôt foncier. Et il pouvait vendre le vin de ses vignobles sans payer les droits d’aide, sans avoir même la visite des jaugeurs, courtiers de la régie générale.


Le Réveil du Tiers État (d’après une estampe du Musée Carnavalet)[1].


Il ne contribuait guère aux dépenses de l’État que pour une somme d’environ douze millions par année. Le clergé des provinces les plus récemment conquises, ce qu’on appelait le clergé étranger, celui de la Flandre, du Hainaut, de l’Artois, du Cambrésis, de la Franche-Comté, du Roussillon, versait une contribution forcée d’environ un million par an. Le clergé de la plus vieille France votait au contraire un subside bénévole qui s’élevait à environ dix millions par année. C’est dans ses assemblées générales qui se réunissaient

liv. 4. ― histoire socialiste.
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  1. Note Wikisource : La reproduction qui figure dans l’ouvrage est remplacée par une copie moderne de l’original en couleurs. Bibliothèque nationale - Gallica.