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solides élastiques ; après le choc, ils vibrent énergiquement. Un cas singulier est celui où deux anneaux se meuvent dans la même direction, de telle sorte que leur centre soit situé sur la même ligne droite et que leurs plans soient perpendiculaires à cette ligne. Alors l’anneau qui est en arrière se contracte continuellement tandis que sa vitesse augmente ; celui qui avait pris l’avance se dilate, au contraire, sa vitesse diminuant jusqu’à ce que l’autre l’ait dépassé, et alors le même jeu recommence de telle sorte que les anneaux se pénètrent alternativement. Mais à travers tous ces changements de forme et de vitesse, chacun conserve son individualité propre et ces deux masses circulaires et fermées se meuvent dans l’air comme quelque chose de distinct et d’indépendant.

Les atomes des corps simples ou présumés tels sont-ils des tourbillons minuscules qui persistent indéfiniment selon la loi même des tourbillons dans ce milieu homogène qu’on appelle l’éther ? C’est là l’hypothèse à laquelle inclinent les chimistes contemporains. M. Würtz, M. Schutzemberger, etc. M. Berthelot, dans les belles conclusions de sa chimie fondée sur la synthèse, sans se prononcer sur la forme des mouvements qui constitue l’atome, repousse toute conception matérialiste et brute de l’atome. Il l’anime et l’idéalise ; il en fait un système défini de mouvements, et c’est sur cette idée de l’atome, forme de mouvement, que la physiologie contemporaine construit ses hypothèses grandioses sur l’origine de la vie. Ainsi, comme la pierre dans son ensemble, comme le corps dans son ensemble, comme la molécule, l’atome se meut, ou, plutôt, il est mouvement. Dans cette architecture étrange qu’on appelle la matière, nous avons beau descendre