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de la quantité où elle se déploie, agit continûment et essentiellement comme loi. Ainsi, la continuité absolue de la quantité, bien loin de contrarier le mouvement, l’acte, la loi, affranchit le mouvement, l’acte, la loi du servage de la quantité : l’essence des lois se dégage de toute condition d’espace, et se manifeste comme essence, c’est-à-dire comme fonction définie de l’être infini ; elle fait dès lors partie, comme loi, d’un système d’activité infinie ; c’est donc l’infini de la continuité quantitative qui permet au mouvement, à la loi, déliée de toute dépendance d’espace, d’entrer dans l’infinité de l’action. L’espace, avec sa continuité quantitative, est donc le serviteur de l’infini vivant, et sa fonction ultime est de s’abolir lui-même pour laisser éclater dans son indépendance l’infinité de la vie et de l’action ; il est, pour Dieu, un symbole et point une entrave, il en exprime l’homogénéité infinie ; mais, en même temps, par sa continuité même, il libère de toute dépendance quantitative l’action divine, s’exerçant par les lois de l’univers.

Toute la philosophie du calcul infinitésimal sort de là ; c’est parce que la quantité, par sa continuité même, affranchit les lois de toute condition de quantité que le calcul peut saisir la formule, l’essence de la loi dans l’infiniment petit. L’infiniment petit n’est point zéro ; car, s’il était zéro, les lois du mouvement seraient rejetées hors de la quantité, c’est-à-dire hors de la continuité, c’est-à-dire hors de l’être. Le calcul ne le traite point comme zéro, puisqu’il considère des infiniment petits de différents ordres, et que les infiniment petits des ordres supérieurs sont considérés comme nuls relativement à l’infiniment petit fondamental, à la différence du premier ordre. L’infiniment petit est donc une