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conscience, l’immortalité brute n’est accordée ; celles-là seules arriveront à l’immortalité qui sauront atteindre les points de vue sublimes d’où l’univers accepte qu’on le contemple à jamais ; il faut que l’âme devienne un de ces sommets divins qui, dominant l’infini, sont à jamais respectés par lui. L’espace mystérieux et profond qui s’ouvre devant nous, nous invite à la conquête de l’immortalité, parce qu’en attestant devant nos âmes l’unité pénétrable de l’être infini, il nous invite à chercher, dans l’infini même, le point inaltérable et sublime où nous pourrons fixer notre personne et perpétuer notre vie.

En quoi l’espace peut-il représenter l’ordre dans le commerce des substances ? Cela signifie certainement que chaque monade est en correspondance immédiate avec une autre monade, et que celle-ci apparaît comme contiguë à la première. La contiguïté exprimerait donc le rapport immédiat qui unit deux monades. L’univers entier retentit dans chaque monade, mais pas directement. Pour qu’une monade lointaine puisse s’harmoniser dans son développement à une autre monade, il faut que toute une chaîne continue d’harmonie, unissant de proche en proche les monades intermédiaires, accorde enfin les deux monades extrêmes ; c’est-à-dire que toutes les monades, avant de s’accorder à une monade donnée, doivent s’accorder à la monade qui lui est immédiatement contiguë, et c’est en s’accordant avec celle-ci, qui résume en soi l’harmonie universelle, que la monade s’accorde avec cette harmonie. L’étendue, par ses intervalles gradués, représente et mesure les relations ou immédiates ou inégalement médiates des diverses monades entre elles. Soit ; mais comment se fait-il que des rapports d’action, de détermination réciproque