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d’une couleur s’éteint, la luminosité de l’autre s’avive.

Voici, en effet, la liste de ces couleurs :

Le rouge et le vert bleuâtre ;

L’orangé et le bleu cyané ;

Le jaune et l’outremer ;

Le jaune verdâtre et le violet.

Ainsi, dans le premier membre, luminosité croissante ; luminosité décroissante dans le second. Il est à remarquer que, pour que la loi soit exacte, le jaune verdâtre doit être plus lumineux que le jaune pur, et que, par suite, il doit davantage se rapprocher du blanc ; c’est dire que le vert équivaut à une addition de lumière blanche. Nous touchons là un fait très curieux et même, à mon sens, décisif. Le vert, dans tous les mélanges de lumière, joue le rôle du blanc, et il tire les couleurs vers le blanc. Lorsque la luminosité d’un spectre lumineux étalé s’affaiblit graduellement, toutes les couleurs successivement s’éteignent, et le spectre tout entier, avant de passer au gris, est verdâtre. C’est dire que le vert est comme la dernière forme de la couleur, avant qu’elle se perde dans la clarté incolore ; il n’est pas une couleur, il est la lumière à l’état de couleur.

Les couleurs obtenues par le mélange des matières colorantes et celles obtenues par le mélange des lumières, ne diffèrent sensiblement qu’à propos du vert ; une matière jaune, mélangée à une matière bleue, donne du vert ; une lumière jaune, mélangée à la lumière bleue, donne un gris blanchâtre ; le blanchâtre et le vert se substituent ainsi l’un à l’autre, et, comme il est naturel, le vert couleur apparaît de préférence quand les lumières colorées sont engagées dans une matière ; à l’état libre, elles donnent du blanc. Ce qui confirme encore une fois la pensée de Gœthe et de Hegel, que les