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enfin au blanc. Le vert passe au vert jaunâtre, puis au jaune blanchâtre. Le rouge rendu tout à fait brillant passe à l’orangé, puis au jaune brillant. Les pures couleurs du spectre soumis à l’action croissante de la lumière subissent, tout comme les surfaces colorées, ces transformations. Quand la luminosité s’affaiblit, le spectre suit la marche inverse. Tout d’abord, l’espace jaune diminue et devient très étroit ; le bleu d’outremer s’évanouit et est remplacé par le violet. Le spectre étant encore moins lumineux, l’espace jaune orangé prend la couleur du minium, et le jaune disparaît pour être remplacé par une teinte verdâtre. Le bleu est remplacé par du violet. Le spectre, à cette phase, ne présente plus que les trois couleurs : rouge, vert et violet. Si l’on diminue encore la lumière, le violet disparaît, le rouge devient brun rouge. Avec moins de lumière encore, toute idée même de couleur disparaît, et la lumière semble grise. J’ai souvent vu, à la campagne, la verte étendue des blés, à peine voilée au matin par une brume insensible, apparaître bleuâtre, et les champs jaunes s’assombrir en rouge sous l’ombre fuyante du nuage. De quelque façon que la physique et la physiologie expliquent ces faits (et nous nous arrêterons bientôt à leurs hypothèses), il est acquis que la quantité de lumière et d’ombre n’est pas indifférente au phénomène coloré. La couleur n’apparaît donc plus comme une détermination exclusive de la lumière pure, car s’il n’entrait que de la lumière dans la constitution de la couleur, la lumière, quelles que fussent sa quantité et son énergie, donnerait, dans les mêmes circonstances, les mêmes teintes plus ou moins fortes, mais ne différant qu’en degré. Au contraire, les causes les plus diverses, interposition d’un milieu plus épais et plus chargé, obliquité plus grande