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au sérieux ? Dès maintenant vous l’avez investi de l’impunité de l’Europe.

Mais bien mieux ! Avant que le Sultan ait pu par de premières mesures réformatrices se réhabiliter lui-même devant le monde de l’œuvre sanglante qu’il a accomplie, vous le choisissez pour collaborateur en Crète. Ah ! vous avez repoussé, — et c’est pourtant une proposition nouvelle que la sagesse de la diplomatie hellénique vous avait faite, — vous avez repoussé le concours des troupes grecques pour le rétablissement de l’ordre dans l’île de Crète ; vous avez dit aux troupes grecques qu’elles ne pourraient pas collaborer avec les troupes européennes ; vous avez refusé de mettre le drapeau de la Grèce libératrice à côté du drapeau français ; mais le drapeau du Sultan, vous le maintenez sur la Crète, et l’ombre du drapeau du Sultan continuera à se projeter sur la Crète au moment même où vous chassez par la force les libérateurs du pays ! (Applaudissements à l’extrême gauche.)

C’est vous qui jetez ainsi en Orient le plus redoutable germe de guerre. Ce que je dis là ne sont pas de vaines prophéties. Il semblait que le Sultan, averti enfin par l’indignation tardive de l’Europe, allait suspendre les massacres arméniens, et M. le ministre des Affaires étrangères lui avait écrit, au lendemain des interpellations qui s’étaient débattues