elle se trouve unie, elle sent que pas une parcelle de sa force ne sera détournée par les querelles ou le soupçon.
Certes, la France n’avait jamais douté d’un seul de ses enfants ; mais sur notre pauvre pays vaincu tant de calomnies avaient été versées du dehors, l’étranger avait si souvent dénoncé notre désorganisation morale, que cet apaisement subit, cet oubli complet des querelles et des haines, cette mutuelle confiance d’adversaires politiques se consultant sur la patrie commune sont pour l’Europe un étonnement, et pour nous tous un réconfort. Nous n’accepterions point qu’on nous félicitât de notre patriotisme, et nous ne ferons pas à nos adversaires l’injure de les féliciter du leur ; mais c’est avec une joie profonde que nous entendions dire à des royalistes : « Au premier coup de canon nous partons au cri de : Vive la République ! Il ne faut pas que l’ennemi puisse compter sur des difficultés intérieures. » Les esprits étaient parfois partagés sur l’attitude à prendre, les uns souhaitant des déclarations pacifiques solennelles du gouvernement français, les autres estimant que notre amour de la paix était suffisamment connu, et que le silence valait mieux. Mais, dans ces questions, ce n’étaient point les groupements politiques, c’étaient les inclinations personnelles qui décidaient ; et quand une fois une majorité tacite était reconnue, les