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quand elle ne risquera pas d’ajouter, contre le maître suspect, une peine de plus aux persécutions gouvernementales, fera elle-même, si je puis dire, sa police morale. Elle sera sévère pour les maîtres qui ne chercheront dans la politique qu’une vaine agitation ou une puérile satisfaction d’amour-propre. Elle sera sévère aussi pour ceux qui, même dans les petites luttes locales, ne donneront pas l’exemple du respect de soi-même, de la dignité simple dans l’attitude et dans le langage.

Mais ce qui importe, c’est que les maîtres de l’Université ne se sentent pas suspects si les hasards de la vie ou une passion ardente pour une idée ou un goût vif de l’action les ont jetés dans la mêlée politique et électorale. Ce qui importe, c’est que l’idée socialiste ait droit, dans l’Université, comme les autres idées, à l’affirmation, à l’action.

Et, je le répète, car toute la question est là, ou on contraindra l’Université à se désintéresser jusque dans sa conscience du problème politique et social, ou il faudra bien permettre à cette passion intérieure de se produire librement. Ou les professeurs seront libres d’affirmer nettement leurs convictions politiques et sociales, quelles qu’elles soient, ou il faudra ramener toute l’Université en arrière : il faudra la cloîtrer de nouveau dans l’étude morte des choses mortes.

Aussi on ne peut s’empêcher de sourire quand on