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Comment ! M. le ministre de l’Instruction publique est obligé de constater qu’aucun grief professionnel — et j’espère qu’il ne me démentira pas — n’est relevé contre ces professeurs ; il est obligé de constater que c’est seulement à cause de leur attitude politique qu’ils ont été déplacés. Et lorsque, après avoir été déplacés, ils risquent de perdre même leurs moyens d’existence et ceux de leurs familles, oui, lorsqu’ils se trouvent en face d’un arbitraire administratif qui les déplace aujourd’hui, sans raison, qui demain, sans raison aussi, peut les révoquer, lorsqu’ils se trouvent en face de ce péril, vous vous étonnez qu’ils n’assument pas sur eux-mêmes la responsabilité des incidents qui peuvent se produire ! Mais que vous osiez produire à la tribune de pareilles lettres, c’est votre condamnation !

Puis, j’ai admiré cet artifice caressant de parole ; on déplace un professeur malgré lui, on l’arrache au lycée où il enseignait et où il voudrait continuer à enseigner, on l’arrache à la ville où sont ses relations de famille et ses amitiés, et sous prétexte que ce déplacement n’est pas une révocation, sous prétexte qu’on n’en finit pas en une fois avec ce professeur, on dit : Nous lui avons donné de l’avancement. Ah ! Messieurs, je vous en prie, lorsque vous frappez les professeurs, ne joignez pas la dérision à l’arbitraire ; n’appelez pas avancement une pareille mesure prise contre eux, une mesure contre laquelle ils ont droit de protester.