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insuffisants ou insalubres. Il faut, enfin, être bien convaincu que l’enseignement du peuple ne doit pas être machinal et subalterne ou même simplement technique, qu’il doit, peu à peu, s’élever partout et former des hommes capables de penser et de vouloir par eux-mêmes, et de connaître les joies les plus nobles de la vie. Donc, serez-vous les amis, les serviteurs dévoués de l’enseignement laïque ? » Voilà la question qu’il faut poser : car c’est la question décisive. Elle l’est pour trois raisons.

D’abord, elle permettra de reconnaître ceux qui, de la République, n’acceptent que le nom : car la laïcité de l’enseignement se confond avec le principe même de la République. La laïcité de l’enseignement, c’est la liberté et la raison dans l’éducation des consciences : et sans la raison, sans la liberté intime des esprits, que serait la République ?

En second lieu, — et j’appelle sur ce point l’attention des républicains modérés qui seraient tentés de s’allier au parti clérical contre la démocratie, — arrêter le développement de l’enseignement laïque et de l’esprit laïque dans le peuple, c’est préparer la révolution violente.

Déjà, il n’est que trop aisé de le voir, des ferments de colère et d’impatience s’accumulent au cœur des