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industriels, gros rentiers, protestent derrière vous, et vous ne répondez pas.

Voulez-vous que nous arrachions la banque à l’oligarchie financière qui la gouverne, que la Banque de France soit banque nationale, qu’elle puisse recevoir les dépôts et les arracher aux spéculations véreuses ou incertaines des banques de dépôt ? Voulez-vous qu’elle puisse démocratiser le crédit et remplacer par une organisation syndicale des commerçants et des producteurs et une prime d’assurance, la troisième signature, celle du banquier, qui coûte si cher ? Voulez-vous cela ? — Mais vos amis, alliés à l’opportunisme qu’ils dénoncent et à la « juiverie » que vous flétrissez, vont voter le renouvellement du privilège de la Banque de France. Vous vous taisez et baissez la tête. Rien, rien, plus même des mots.

Il semblait, pourtant, qu’il y avait, dans l’Encyclique sur la condition des ouvriers, l’ébauche précise d’un programme social. Mais, d’abord, le parti conservateur et catholique résiste à l’Encyclique ; et puis, il y a, dans la doctrine même du pape, quelque chose qui paralyse forcément toute réforme. L’Église se méfie nécessairement de la société laïque, de la société civile, et elle ne peut souffrir que des réformes profondes soient accomplies par elle, car si la société civile, qui ne repose pas sur le dogme, pouvait sauver l’humanité, l’inanité sociale du dogme serait démontrée.