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qu’ils soient touchés de la grâce ? Attendrez-vous, pour protéger le peuple et les producteurs contre le surmenage et le chômage, contre la baisse des salaires, contre les coalitions financières, contre les coups de bourse et les entreprises véreuses, contre l’oppression des grandes compagnies et contre l’usure des banques, attendrez-vous que le cœur de la haute finance soit embrasé d’amour ? Pensez-vous que le veau d’or se jettera de lui-même dans une fournaise de charité, et qu’il s’éparpillera ensuite aux mains des pauvres en une éblouissante monnaie ? Quelle dérision, et, pour des prêtres qui confessent l’homme, quelle rêverie ! Des lois, il faut des lois ! et vous n’osez pas dire hardiment qu’il faut des lois, bien loin que vous puissiez dire lesquelles.

Voulez-vous nous aider à protéger les syndicats, seul instrument d’émancipation du peuple ? Voulez-vous, par exemple, que les compagnies de chemins de fer ne puissent pas empêcher leurs employés d’assister à un congrès ? — Pas de réponse.

Voulez-vous que la loi limite la durée de la journée de travail pour empêcher l’écrasement du peuple, de son corps et de son âme ? — Silence.

Voulez-vous que nous remplacions l’impôt foncier, qui est rejeté en grande partie sur le paysan, l’impôt des patentes, qui accable les petits producteurs, par un impôt progressif sur le revenu et le capital ? — Vos amis, gros propriétaires, gros financiers, gros