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pontificale s’expliquent là-dessus, que les évêques et curés de France veuillent bien nous dire comment, en dehors de l’organisation socialiste, le salaire pourra être adéquat au travail. Surtout nous demanderons aux pèlerins ouvriers quel sens ils attachent eux-mêmes à cette parole libératrice. S’ils l’ont comprise dans toute son étendue, ils sont des socialistes, et tous les efforts de la papauté, pour les séparer de leurs camarades socialistes, n’aboutiront pas. S’ils l’ont acceptée, sans chercher à la comprendre, comme une parole mystique, c’est la condamnation formelle du socialisme catholique et pontifical, puisque, en laissant sommeiller les intelligences, il endort par là même les énergies viriles, sans lesquelles aucune réforme n’aboutira.

Si le pape s’en était tenu à cette formule, si courte, mais si décisive : « Le salaire doit être adéquat au travail », c’est le socialisme lui-même qui, en vêtement blanc, et porté sur la sedia gestatoria, eût fait le tour de la grande salle du Vatican, aux acclamations des ouvriers catholiques. Mais pourquoi le pape, après avoir ainsi prononcé la parole maîtresse du socialisme, a-t-il attaqué les socialistes ? Pourquoi a-t-il mis les ouvriers catholiques en garde contre eux ?

Les socialistes n’ont jamais demandé que cela. Et s’ils cherchent avec angoisse une organisation plus rationnelle, plus scientifique et plus juste du travail,