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n’en était plus un ! Comme vous aimez le théâtre, monsieur! Je l’ai constaté il y a longtemps. N’étais-je pas en votre compagnie dans une avant-scène des Italiens, lorsqu’un soir, l’illusion fut pour vous si complète, que, debout et vous adressant à la Pasta, vous vous êtes écrié:

«Ah! cara!!! » Oui, monsieur, et toute la salle vous a entendu.

—Quelle exagération ! reprit en riant Berryer.

—Est-ce surprenant, avec cette voix qui sonne comme une cloche ? Comment pouvait-on ne pas vous reconnaître

? Tout le monde se retournait, et je me cachais. 

Ce public croyait peut-être que vous commenciez un discours. Voyons, dites la vérité. Je suis certaine que vous avez eu des velléités prononcées d’aborder le théâtre !

—Pourquoi le nierais-je, madame ?

—Oh ! je suis là pour l’attester, s’écria Rikomski.

—On ne te consulte pas, mon bon ami.

—Non ; mais j’atteste et je circonstancie. C’était sous le règne de la belle Émilie Contat, alors un magnifique soleil couchant, un peu forte par exemple. »

Ici le geste descriptif achevait la phrase.

« Richomme, tu ès un être insupportable un bavard, qui ne sait ce qu’il dit. »

A cette attaque, Rikomski réplique avec bonne humeur:

« J’ai encore de la mémoire, et j’aime à la produire. je n’ai plus que cela!

-Allons, allons, séparons-nous, fit Berryer, je dois me lever tôt. Je pars avec MM. Artaud et Roger qui, prudemment, se sont retirés il y a une heure déjà. Mesdames, avez-vous des ordres à me donner pour Paris ? » Sans répondre, la comtesse prit un air boudeur.

« Revenez vite, dis-je, souriant au souvenir du commentaire que j’avais recueilli, dans la journée, de ce voyage subit.