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ses œuvres où s’étalait fièrement le sonnet victorieux (1). La même année, M. Mignon, « maître de la musique de l’Eglise de Paris », proposait de nouvelles rimes (2) pour un autre concours dont le prix était encore une m’édaille du roi, qui avait aussi pour sujet l’éloge de Louis XIV, et qui eut pour juges les ducs dcNevers et de Vivonne. Il y eut 192 envois, et ils parurent en janvier 1683 dans un recueil imprimé. Rien n’est plus étrange que le succès de ces deux concours après les chefs-d’œuvre de nos grands hommes ; rien n’affirme mieux, dans une partie de la nation lettrée, la persistance de la futilité mondaine et de l’esprit rétrograde.

Familiers de Nevers, de Bouillon et de Mme Deshoulières, académiciens, courtisans-rimeurs, formaient tout un petit peuple frivole et médisant : ce fut l’intermédiaire entre les précieuses et Fontenelle. Grâce h eux, pourtant, le sonnet vécut encore une quarantaine d’années. C’est à eux qu’il dut de figurer presque à chaque numéro de ce Mercure Galant, rédigé par leurs amis, soutenu par eux, où tous les ennemis de nos grands écrivains trouvaient un chaud accueil. Et il y figure sous les deux aspects qu’il avait le plus souvent : bouts-rimés ou sonnets de circonstance (3), (pielquefois encore énigme,

(1) p. 341.

(2) Les voici : pan — grennehe ~ sutan — peluche — faon — ruche — Laon — autruche — hoc — troc — niche — par — friche — car.

La lecture de ces 192 sonnets est plutôt affligeante.

(3) Ainsi : 1 sonnet pour la prise de Cambrai, et un sur l’Obélisque élevé an roi dans Arles (Août 1677). 3 pour la prise de Maëstricht (1674, p. 27). 9 en Mai et 1 en Avril 1677 sur la victoire de Cassel, etc. Il y en a un certain nombre sur la défaite du protestantisme, surtout dans l’année 1686.