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GESTES ET OPINIONS

mètres d’atomes ; de peau jaune d’or, au visage glabre, sauf des moustaches vert de mer, telles que les portait le roi Saleh ; les cheveux alternativement, poil par poil, blond cendré et très noir, ambiguïté auburnienne changeante avec l’heure du soleil ; les yeux, deux capsules de simple encre à écrire, préparée comme l’eau-de-vie de Dantzick, avec des spermatozoïdes d’or dedans.

Il était imberbe, sauf ses moustaches, par l’emploi bien entendu des microbes de la calvitie, saturant sa peau des aines aux paupières, et qui lui rongeaient tous les bulbes, sans que Faustroll eût à craindre la chute de sa chevelure ni de ses cils, car ils ne s’attaquent qu’aux cheveux jeunes. Des aines aux pieds par contraste, il s’engaînait dans un satyrique pelage noir, car il était un homme plus qu’il n’est de bienséance.

Ce matin-là, il prit son sponge-bath quotidien, qui fut d’un papier peint en deux tons par Maurice Denis, des trains rampant le long de spirales ; dès longtemps il avait substitué à l’eau une tapisserie de saison, de mode ou de son caprice.

Pour ne point choquer le peuple, il se vêtit, par-dessus cette tenture, d’une chemise en toile de quartz, d’un pantalon large, serré à la cheville, de velours noir mat ; de bottines minuscules et grises, la poussière y étant maintenue,