Page:Jarry Faustroll 1911.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
DU DOCTEUR FAUSTROLL

Ses femmes, dont les robes s’épandaient selon les ocellures de la queue des paons, nous donnèrent le divertissement de danses sur les pelouses vitrées de l’île ; mais quand elles relevèrent leurs traînes pour marcher sur le gazon moins glauque que de l’eau, comme Balkis mandée de Saba par Salomon découvrit ses pieds d’âne dans la salle parquetée de cristal, à la vue des sabots capripèdes et des jupes de toison saisis d’effroi nous nous jetâmes dans l’as au pied des perrons de jaspe, et je tirai les rames, et Bosse-de-Nage traduisit heureusement la stupeur commune :

« Ha ha ! » dit-il ; mais la peur, sans doute, lui coupa la parole.

Et je reculai loin de l’île, perpendiculairement assez pour que la tête de Faustroll me cachât en peu de temps le regard du seigneur de Her, et, pareil à la lunette miroitante de la vigie d’un sémaphore, l’œil artificiel dans son orbite de burgau.

XXI
DE L’ÎLE CYRIL
À Marcel Schwob.

L’île Cyril nous parut d’abord comme le feu rouge d’un volcan, ou d’un punch de sang