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SPÉCULATIONS

la cendre de son cigare qu’il secouait de l’ongle et qu’il s’envoya dans l’œil, et, cédant aux sollicitations de ses convives, aux liqueurs, dit :

« Oui, Messieurs, trois cent-quinzième engagé, mais depuis le premier kilomètre tenant la tête, je gardais encore, près de la frontière espagnole, l’illusion de la victoire. Ma deux cent-soixante chevaux glissait sans effort, paresseusement, si j’ose dire, comme dans un rêve. Et j’en venais à regretter, désireux de mettre à l’épreuve les excellentes qualités de mon moteur, que le grand roi, dans une intention louable, sans doute, eût supprimé les Pyrénées. Il est bien, pour un souverain, d’encourager l’automobilisme, mais, que diable ! conservons les sites ! »

Un murmure approbatif courut.

« Néanmoins, reprit Sèze-Coat, le spectacle de la célèbre chaîne des montagnes, hélas ! défunte, vaut le voyage. Avant d’arriver en vue de ce panorama sensationnel, je fus avisé de pousser la manette qui ouvre l’âme de l’artiste aux émotions esthétiques, par ce conseil du Touring-Club, lu sur une plaque bleue : « Attention ! descente dangereuse », suivi d’un petit croquis, en blanc, de caniveau.

« Car l’histoire a raison : il n’y a plus de Pyrénées, mais il y a, naturellement, à la place d’où elles furent extraites, un trou, un caniveau assez profond. Les « cols » d’autrefois, au con-