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SPÉCULATIONS

pagnée du salut de ces bonnes petites âmes grâce à un baptême, si j’ose dire anticipé, avant qu’elles aient vu le jour.

— Vous buvez de cette eau, l’abbé ?

— Eh bien ! eh bien ! voilà qui est une excellente plaisanterie, sans outrepasser toutefois les bornes d’une honnête décence. Vous savez bien, mon cher élève, que, d’après les Saintes Écritures, les buveurs d’eau représentent ceux qui vivent dans les erreurs de l’ancienne loi, les infidèles, ou encore les hérétiques contemporains. Il n’y a plus guère à boire l’eau de Lourdes, hélas ! que les juifs et mahométans. Ce sont là, en les temps troublés où nous vivons, les derniers bons chrétiens. Un saint prêtre boit, comme le patriarche Noé, du vin, ce sang du Seigneur, dès son réveil. Le Canard Sauvage qui est le livre de chevet dans toutes les bonnes maisons religieuses non moins que laïques, et représente en quelque sorte la Semaine laïque, avait prédit l’extrême longévité du défunt Saint Père en raison des doses considérables d’alcool qu’il absorbait. Son vénérable successeur, Sa Sainteté Pie X, encore que sobre et végétarien, ne manque point d’engloutir, à chaque repas, son demi-litre au moins de vin de Frioul et, entre les repas, ses verres de vin amer quasi à tout moment.

— Mais la piscine de Lourdes, mon cher Prout ?