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SPÉCULATIONS

constance ; il se déclare une intoxication « en retour » par l’arsenic accumulé peu à peu, au fur et à mesure des précédentes doses, dans les tissus. Il n’empêche que les angoisses du Styrien, après qu’on lui a dérobé sa précieuse boîte, ressemblent beaucoup, et tout simplement, à celles d’un homme en train de succomber à l’inanition.

Sans considérer exclusivement l’arsenic — encore que le nombre des personnes soit assez répandu, qui en font usage sous la forme de liqueur de Fowler ou tout autre, et ces « empoisonnés » ont le plus souvent le teint fort beau et une heureuse tendance à une obésité légère — chacun a été à même d’observer que ces substances, qu’on est convenu d’appeler poisons, constituent, dans bien des conjonctures, une nourriture excellente. Ce qui tue, d’après la menace d’horrifiques étiquettes rouges, est en même temps ce qui fait vivre, sous le titre de médicaments. Le langage, qui enregistre avec ponctualité les vérités consacrées par l’expérience, mais au cours du temps les déguise si bien qu’il en fabrique de confortables erreurs, met en regard, dans des « doublets », les deux pôles de cette antinomie. On dit « poison » et « potion ». Le mot populaire et redoutable a été forgé par la multitude des âmes naïves pour désigner les drogues auxquelles elles n’osaient toucher tous les jours. Le