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SPÉCULATIONS

LIVRES D’ÉTRENNES : LE CALENDRIER DU FACTEUR

Mil neuf cent trois vient de commencer. Il nous arriverait aisément de ne pas comprendre l’importance de cette démarcation, si divers artifices n’y mettaient ordre. Jadis, les petits enfants pouvaient ne pas comprendre non plus dans quelle intention morale on pendait quelque malfaiteur ; alors on fouaillait, magistralement, les petits enfants, et s’ils ne comprenaient toujours pas, du moins se souvenaient-ils. Par une semblable méthode pédagogique, une quinzaine avant l’avènement de l’an futur, des facteurs nous en ont remis le signalement imprimé, et pour fixer notre attention, ne se sont point retirés sans nous avoir soutiré quelque amende.

Les philosophes ont longtemps débattu cette question : l’homme pourrait-il penser sans le secours des mots ? La biologie semble l’avoir tranchée aujourd’hui. Haeckel différencie l’homme, ce « catarrhinien oriental » du singe muet (alalus) en ceci que son larynx s’est particulièrement assoupli. La découverte n’est pas neuve : Homère ne sépare pas le substantif « hommes » de son épithète « à la voix articulée », comme si de son temps, ce fût là une faculté récemment acquise. « La parole, c’est l’homme », aurait écrit Buffon, s’il n’avait trop bien su qu’il ne s’adressait qu’à des civilisés.