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SPÉCULATIONS

LE PRIVILÈGE DES PIQUEURS DE FÛTS

Nous soumettons à MM. les députés qui ont pris à cœur les intérêts des bouilleurs de cru, les revendications d’une autre corporation non moins sympathique, les piqueurs de fûts. Il n’y a, en effet, point de différence de nature entre ces deux catégories de travailleurs ; il n’y a qu’une différence de degré, ou, en d’autres termes, de température : les bouilleurs de cru instrumentent à chaud, comme leur nom l’indique, ils portent à l’ébullition des produits non cuits ; les piqueurs de fûts, au contraire, opèrent à froid. Cette méthode écarte tout danger d’incendie, on n’a donc point à s’étonner de la louche animosité des Compagnies d’assurances.

Au temps où l’homme ne connaissait point encore de plus noble conquête que le cheval, personne n’était choqué de voir pratiquer des soupapes sur les flancs de ce moteur animal, au moyen d’appareils perforateurs spéciaux. Il est aussi naturel de stimuler les récipients contenant cette force motrice nouvelle, l’alcool, par l’usage d’éperons de modèles inédits.

L’État, d’ailleurs, protège déjà certains piqueurs de fûts, les honorant, à l’égal des académiciens, des « piqueurs » proprement dits et des gardes-chasse, par le port d’un uniforme