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SPÉCULATIONS

des antiquités vénérables, il paraît qu’un chameau traversait cette minuscule chose de métal — avec difficulté d’ailleurs, la tradition, en sa bonne foi, ne nous l’a point dissimulé. Nous prions de s’abstenir les correspondants charitables qui désireraient nous informer de la « vraie » signification, architecturale et géographique, de « l’aiguille ». Nous nous en tenons, et avec raison, à la lettre de l’histoire, car il n’y a que la lettre qui soit littérature. Avec raison : car il est patent que des milliers de contribuables croient qu’un corps beaucoup plus volumineux qu’un chameau, une locomotive et son convoi, passe à travers une aiguille et sans difficulté. Bien plus, la plupart des témoins susdits ont maintes fois et sans trembler aventuré leur prestance dans ce périlleux parcours.

Si le chameau accomplit ce même exploit, il est indiscutable qu’il est favorisé par sa conformation : son long cou, sa tête amenuisée, sa bosse même qui est, par une ingéniosité de la nature, divisée en deux, afin qu’il puisse introduire à travers le chas, ses deux gibbosités l’une après l’autre, à peu près à la façon de ces fils de fer contorsionnés enfilés dans des anneaux et que les camelots appellent des « questions ». Or pareille souplesse est — ce qui confirme nos déductions — notoirement interdite à la bosse unique des dromadaires.

L’ « aiguillage » des chemins de fer a, paraît-