une garde farouche, surexcités par leurs sentiments moraux et persuadés probablement qu’ils gardaient un mur derrière lequel il se passait quelque chose d’assez officiellement infâme pour ne relever que du service, supérieur dans la hiérarchie policière, des mœurs.
Chacun a pu entendre, aux abords de tous les théâtres, les cris de vendeurs clamant : « Demandez la pièce !… » Sur ce boulevard, où les vendeurs étaient écartés par le rigorisme de la police, on tolérait néanmoins les allées et venues de jeunes personnes, au pas moins léger que leurs mœurs, qui, dans des intentions philanthropiques et littéraires, s’offraient à documenter les passants sur le « sujet » de la pièce. Quelques jeunes gens candides succombèrent, de ceux, nombreux quoique oubliés par Brieux, qui se font gloire de l’Avarie parce qu’Avarie implique… qu’on a eu la vaillance de la mériter.
Quelques bourgeois pratiques, dont nous fûmes, déclinèrent ces offres et propositions, réfléchissant que, pour bénéficier de l’Avarie, il fallait attendre neuf semaines, pas moins du quart de ce qu’on attend après s’être exténué afin d’être père ; et que la vie est mal douée quant à sa dimension en longueur. À l’instar de ces gens pressés, nous jugeâmes plus expéditif de nous introduire, par effraction d’ailleurs, dans la salle.