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SPÉCULATIONS

internement dans un asile d’aliénés, il nous paraît urgent de dévoiler à quels mobiles, plus forts que la loi, obéissent les magistrats, qui violent ainsi à leur manière. Le législateur, en effet, dans sa sagesse, s’est bien gardé de désapprouver le viol des cadavres : il ne l’a prévu par aucun article du Code, ce qui équivaut, comme on sait, selon l’esprit du Code, à l’encourager.

En ceci le législateur se montre d’accord, comme en tout, avec la conscience du citoyen vertueux, dont il ne fait qu’enregistrer et préciser les élans. Toutefois, la plupart des contribuables n’ont coutume de pratiquer ce viol de cadavres que sous une forme superficielle, encore qu’ostentatoire. À chaque occasion qui s’est présentée d’avoir à leur disposition, sur un lit, un cadavre — femme, époux, mère ou enfant — ils se sont fait un devoir de déposer, selon la formule consacrée, « un dernier baiser sur le front glacé du mort », mais on doit déplorer que bien peu d’entre eux aient eu le courage de pousser plus loin leurs hommages posthumes, si légitimes pourtant dans le cas de la perte, par exemple, d’un époux ou d’une épouse. Cette sécheresse de cœur et ce manque de démonstration subit s’excuse à peine par l’horreur de ce qui ne vit plus, laquelle n’était à l’origine que la répugnance pour la chair morte acquise au cours des siècles par l’animal hu-