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SPÉCULATIONS

profère les cris similaires : Au voleur ! À l’assassin ! Au loup ! Au viol ! et Au feu !

La chasse du drapaud nous paraît, telle qu’elle se pratique actuellement, le monopole d’une société, nombreuse d’ailleurs sans cesser d’être choisie et qui a su conserver — nous l’en félicitons — les pittoresques traditions et les éclatants costumes de l’ancienne vénerie. On se livre à ce sport cynégétique tant à pied qu’à cheval, les piqueurs ont des livrées d’azur par le haut et d’écarlate par le bas avec des boutons de métal partout. Des fanfares compliquées ont succédé au vétuste cor de chasse. Le fusil qui sert à abattre la bête est ingénieusement armé d’un épieu au bout.

Il ne nous a pas semblé qu’on se servît du trident, si commode pourtant pour l’extraction hors de leurs terriers du renard, du blaireau et autres bêtes puantes. Néanmoins, quelques piqueurs piquent, comme leur nom l’indique, au moyen de la lance.

Il nous a été donné, à la faveur d’un déguisement conforme, de nous immiscer pendant plusieurs mois parmi les fervents de ce sport. Sport relativement privé, dirons-nous, malgré la multitude des adeptes : en effet, dès qu’on a découvert le gîte d’un drapaud — la bête paraît avoir des goûts solitaires comme le phénix ou le sanglier, et il n’y en a guère qu’une dans le voisinage immédiat de chaque grande ville