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SPÉCULATIONS

LE DRAPAUD

Il n’arrive plus fort souvent que l’on entende, au moins dans les villes et autres lieux civilisés, le cri : Au feu ! Le promeneur paisible qui découvre un incendie se contente de briser une vitre disposée au sommet d’une colonnette de fonte : c’est le seul cas où il soit licite d’endommager un monument d’utilité publique. Il n’est pas prouvé que la rupture de ladite glace ait aucune corrélation avec l’extinction de l’incendie ; mais c’est là un geste courtois, admis par les mœurs, recommandé par le savoir-vivre, comparable en tout à la politesse d’ôter son chapeau sur le passage d’un enterrement. Il est présumable, à ce propos, que cette dernière opération ne fut accomplie à l’origine que dans le dessein de mieux voir défiler le cortège funèbre, avec un crâne plus rafraîchi, et à la requête de spectateurs placés derrière, incommodés dans leur curiosité par la hauteur du couvre-chef. Quoi qu’il en soit, l’acte de réduire en mille morceaux le petit carreau de verre de l’avertisseur d’incendie n’est pas moins recommandable, ou, dans tous les cas, ne tire pas plus à conséquence.

Le cri : Au loup ! peut également se cataloguer au nombre des vociférations disparues. Franc-Nohain infère hardiment, ce 9 avril, que