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SPÉCULATIONS

sistance, dans sa relation, de son ami « le bon gros M. de Vriès ». Les Papous, à moins qu’on ne les suppose inintelligents à l’excès, n’ont pu comprendre que : bon c’est-à-dire bon à manger ; gros, c’est-à-dire : il y en aura pour tout le monde. Il était difficile qu’ils ne se fissent point, de M. de Vriès, l’idée d’une réserve de nourriture vivante embarquée pour les explorateurs. Comment ceux-ci auraient-ils dit qu’il était bon, s’ils n’avaient été à même d’apprécier sa qualité, et la quantité de sa corpulence ? Il est avéré d’ailleurs, pour quiconque a lu des récits de voyages, que les explorateurs ne rêvent que mangeailles. M. Rouyer avoue que, certains jours de disette, ils « se garnirent l’estomac de chenilles, vers, sauterelles, femelles de termite…, insectes d’une espèce rare et nouvelle pour la science. » Cette recherche des insectes rares a dû paraître aux indigènes un raffinement de gloutonnerie ; quant aux boîtes de collections, il était impossible qu’ils ne les prissent pas pour des conserves extraordinaires réclamées par des estomacs pervertis, tels que nous autres civilisés nous figurons ceux des anthropophages.

Foitar, chef des Papous, proposa à M. Rouyer de lui céder deux prisonniers de guerre contre M. de Vriès et le boy Aripan. M. Rouyer repoussa cette offre avec horreur… Mais il s’empara clandestinement des deux prisonniers de