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garda les yeux baissés et pleura un peu d’âme, comme l’ombre d’une fumée, de ses cils par ses lèvres et son menton nus, vers Sengle. Et sa bouche pensa.

La bouche seule, comme une feuille d’arbre, est différente selon tous les visages, et c’en est la seule partie qu’on puisse dessiner sans savoir dessiner, car on signifiera toujours par des traits courbés au hasard des lèvres et des mouvements de lèvres qui existent. Et même quand les voix sont pareilles, deux qui causent ont des bouches différentes. Parce qu’il y a des instants où ils ne causent pas et où les bouches restent elles-mêmes. C’étaient des lèvres militairement domestiquées pour la convention du langage qu’épiaient les petites sourdes-muettes d’Auray, avant de leur répondre par la géométrie d’une uniforme gymnastique.