Page:Jarry - Les jours et les nuits, 1897.djvu/213

Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’y tombait plus de feuilles, et toutes celles qui y étaient tombées avaient coulé. Leur tas nivelé montait jusque sous la surface, et il n’y avait plus qu’un grand tapis en couronne de velours pourpre un peu mouillé. Les poissons rouges nageaient le long de la circonférence, la moitié du corps hors de l’eau, comme sur les estampes ; ils firent un tour entier devant Sengle, un gros en tête ; et n’ayant trouvé en cette exploration déjà des centaines de fois renouvelée une eau non empoisonnée du sang des feuilles, ils repartirent, comme au pas, avec le une-deux haletant de leurs ouïes militaires.

Un des petits pantalons garance, le museau à la chute du jet central, tétait la vie — et Sengle l’heure — à la solitaire clepsydre.