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Tel jour, un soir.

Ravachol, ainsi nommé parce qu’il savait lire et exposait par intervalles, d’une seule phrase, quelque idée anarchique très simple et toujours la même. Au bout d’un très grand nombre d’années de service, il avait attrapé au Tonkin la vérole et une fièvre dont il resta hémiplégique. Il était à sa troisième année d’hôpital, attendant les douze cents francs de la pension no 1, pour blessures de guerre. L’Administration tâchait de conclure à une hémiplégie post-syphilitique, et faute de mieux, d’arriver à confisquer ses papiers et l’expulser de l’hôpital.

Cela arriva une fois : Ravachol s’arrêta avec son squelette extérieur de béquilles compliquées contre une borne, ôta son képi et mendia :

« Alsacien, blessé au Tonkin… »